Longtemps restée discrète, l’oligothérapie connaît aujourd’hui un regain d’intérêt auprès des professionnels de santé et du grand public.
À la croisée de la nutrition, de la biologie cellulaire et de la médecine fonctionnelle, elle repose sur une idée simple mais puissante : les oligo-éléments, bien que présents en quantités infinitésimales dans l’organisme, jouent un rôle essentiel dans le maintien de notre équilibre physiologique.
Qu’est-ce que l’oligothérapie ?
Le terme oligothérapie vient du grec oligos, qui signifie « peu ».
Il s’agit de l’utilisation thérapeutique des oligo-éléments — ces micronutriments indispensables à de nombreuses réactions enzymatiques : zinc, cuivre, manganèse, sélénium, chrome, fer, entre autres.
Contrairement aux macronutriments (protéines, lipides, glucides), les oligo-éléments n’apportent pas d’énergie, mais catalysent, régulent et coordonnent une multitude de processus vitaux :
- Synthèse hormonale
- Défense immunitaire
- Équilibre oxydatif
- Métabolisme cellulaire
- Régulation de l’humeur et du sommeil
Un déficit, même léger, peut se manifester par une fatigue chronique, une sensibilité accrue aux infections, des troubles cutanés ou encore une récupération lente après un stress ou une maladie.
Les bases scientifiques de l’oligothérapie
L’oligothérapie repose sur des fondements biologiques solides : les oligo-éléments agissent comme cofacteurs enzymatiques, c’est-à-dire qu’ils activent ou stabilisent les enzymes responsables de milliers de réactions biochimiques.
Quelques exemples :
- Zinc → intervient dans plus de 300 réactions enzymatiques, notamment celles impliquées dans l’immunité, la cicatrisation et la régulation hormonale.
- Cuivre → participe à la synthèse du collagène et à la neutralisation des radicaux libres.
- Manganèse → protège les cellules contre le stress oxydatif.
- Sélénium → agit comme un bouclier antioxydant puissant.
Notre santé cellulaire réside dans l’équilibre entre ces éléments, plus que dans leur quantité isolée.
Oligothérapie fonctionnelle et tempérament : deux approches complémentaires
1. L’oligothérapie fonctionnelle
Elle vise à corriger un déficit biologique objectivé par des analyses (zincémie, séléniémie, ferritine…).
Les compléments sont alors prescrits sous forme de solutions buvables ou d’ampoules, afin de restaurer les taux physiologiques.
2. L’oligothérapie selon son tempérament
Popularisée par le Dr Jacques Ménétrier, cette approche se base sur la notion de terrain biologique — la manière dont chaque individu réagit face aux agressions (fatigue, stress, infections…).
Les quatre grands profils diathésiques :
- Allergique (Manganèse)
- Hyposthénique (Manganèse–Cuivre)
- Dystonique (Manganèse–Cobalt)
- Anergique (Cuivre–Or–Argent)
Cette vision met l’accent sur la stimulation des défenses naturelles plutôt que la simple compensation d’une carence.
Indications et bénéfices
L’oligothérapie s’adresse à de nombreux troubles fonctionnels — lorsque le corps manifeste un déséquilibre sans pathologie installée :
- Fatigue chronique ou surmenage
- Troubles du sommeil ou anxiété légère
- Baisse d’immunité saisonnière
- Affections cutanées (acné, eczéma, psoriasis)
- Douleurs articulaires et inflammatoires
- Déséquilibres hormonaux légers
L’oligothérapie se distingue par sa grande innocuité, car utilisée à doses physiologiques, sans effets secondaires ni risque de surdosage.
Oligo-éléments et alimentation : la première ligne de défense
Avant toute complémentation, rappelons que l’alimentation est la première source d’oligo-éléments :
- Zinc : huîtres, légumineuses, noix, viande rouge
- Cuivre : fruits de mer, abats, graines de tournesol
- Manganèse : fruits secs, céréales complètes, épinards
- Sélénium : noix du Brésil, poissons gras, œufs
Une alimentation variée et équilibrée suffit souvent à maintenir l’équilibre.
Cependant, le stress, la pollution ou le vieillissement peuvent augmenter les besoins et justifier d’une complémentation.
L’oligothérapie, une médecine du terrain personnalisée
Inscrite dans la médecine intégrative moderne, l’oligothérapie agit en amont des déséquilibres : elle restaure le terrain biologique, renforce les défenses et favorise la vitalité.
Elle constitue ainsi un outil de modulation métabolique douce, complémentaire à la médecine classique.
L’oligothérapie n’est ni une panacée ni une simple mode. Elle s’impose comme une approche fine, rationnelle et respectueuse du corps, fondée sur la compréhension du vivant à l’échelle microscopique.
À l’heure où la médecine se tourne vers la prévention et la personnalisation, les oligo-éléments apparaissent comme de véritables gardiens de l’équilibre intérieur — discrets, mais essentiels.
Applications pratiques de l’oligothérapie
L’efficacité de l’oligothérapie réside dans sa finesse d’action : elle agit en soutien, là où le métabolisme faiblit, sans brusquer l’organisme. Chaque oligo-élément possède un champ d’action privilégié, correspondant à des déséquilibres précis. Voici quelques exemples concrets d’application clinique.
Douleurs articulaires et inflammatoires
Les douleurs articulaires — qu’elles soient d’origine mécanique (arthrose) ou inflammatoire (arthrite, tendinites) — sont souvent liées à une hyperproduction de radicaux libres et à un déséquilibre du métabolisme du cartilage.
Les oligo-éléments clés :
- Manganèse : indispensable à la synthèse des glycosaminoglycanes, éléments structuraux du cartilage.
- Cuivre : puissant antioxydant, il stimule la production de collagène et limite la dégradation des tissus conjonctifs.
- Sélénium : neutralise les radicaux libres, protège les membranes cellulaires et réduit les phénomènes inflammatoires.
Association typique : Manganèse–Cuivre
C’est le duo de référence dans les douleurs articulaires récidivantes ou les tendinites chroniques. Il favorise la régénération tissulaire tout en calmant les réactions inflammatoires.
Troubles du sommeil et fatigue nerveuse
Stress, surmenage, insomnie, irritabilité… autant de signes d’un déséquilibre du système neurovégétatif et de la régulation hormonale du cortisol et de la mélatonine.
Les oligo-éléments clés :
- Manganèse–Cobalt : régulateur du tonus nerveux, idéal pour les troubles du sommeil, la spasmophilie ou l’anxiété légère.
- Magnésium (bien que macronutriment) : souvent associé, il renforce la détente musculaire et la gestion du stress.
- Lithium (à microdose en oligothérapie) : module l’humeur et stabilise les fluctuations émotionnelles.
Association typique : Manganèse–Cobalt le soir
Elle contribue à apaiser le système nerveux central et favorise un sommeil réparateur.
En parallèle, une cure de Magnésium–B6 potentialise l’effet relaxant et améliore la résistance au stress chronique.
Le cobalt stimule la sécrétion d’adrénaline et de dopamine à faibles doses, équilibrant la réponse du système nerveux autonome.
Fatigue chronique et immunité basse
Lorsqu’on enchaîne les infections ORL, les rhumes à répétition ou une fatigue persistante, le terrain biologique devient hyposthénique, c’est-à-dire moins réactif.
L’objectif de l’oligothérapie est alors de réactiver la vitalité enzymatique et immunitaire.
Les oligo-éléments clés :
- Cuivre : stimule les macrophages et les défenses naturelles.
- Or et Argent (en association avec le cuivre) : tonifiants généraux, ils relancent l’énergie vitale et la résistance aux infections.
- Zinc : régule la fonction thymique et la synthèse des anticorps.
Association typique : Cuivre–Or–Argent (Cu–Au–Ag)
C’est la synergie emblématique des terrains fatigués, convalescents ou sujets aux infections récidivantes.
Elle agit comme un booster naturel du métabolisme et du système immunitaire.
Plusieurs études ont montré que le zinc et le cuivre modulent la production de cytokines, ces messagers clés de l’immunité, améliorant la résistance virale et bactérienne.
Anxiété et déséquilibres hormonaux
L’anxiété, les sautes d’humeur et les troubles prémenstruels reflètent souvent un déséquilibre neuroendocrinien influencé par le stress oxydatif et la régulation du cortisol.
Les oligo-éléments clés :
- Manganèse–Cobalt : équilibre du système nerveux autonome.
- Zinc–Nickel–Cobalt : régulation hormonale, utile dans les troubles du cycle féminin ou la fatigue d’origine endocrine.
- Cuivre–Or–Argent : soutien global du tonus physique et psychique.
Une cure de Zn–Ni–Co est souvent conseillée pour les troubles fonctionnels féminins (syndrome prémenstruel, fatigue cyclique), tandis que Mn–Co apaise les troubles anxieux légers sans effet sédatif.
Allergies et hypersensibilités
Les réactions allergiques ou inflammatoires chroniques (eczéma, rhinite, asthme léger) traduisent une hyperréactivité du système immunitaire.
L’oligothérapie vise ici à rééduquer le terrain, plutôt qu’à bloquer la réaction.
Les oligo-éléments clés :
Manganèse : régulateur de la réponse histaminique.
Soufre : détoxifiant hépatique et draineur des muqueuses.
Cuivre : effet anti-infectieux et anti-inflammatoire.
Manganèse seul, ou Manganèse–Cuivre
C’est la base des cures d’entretien pour les terrains allergiques et asthmatiques.
En renforçant la tolérance immunitaire, cette association réduit la fréquence et l’intensité des crises.
Conseils de terrain
Ce qui distingue l’oligothérapie des autres approches, c’est son respect du rythme biologique.
Elle ne remplace pas la médecine conventionnelle, mais la complète, en agissant en amont, avant que le déséquilibre ne se transforme en pathologie.
Dans une époque où les maladies fonctionnelles, le stress chronique et les carences silencieuses explosent, elle réapprend à écouter les signaux subtils du corps et à corriger le terrain plutôt que les symptômes.
- Régularité : privilégier des cures de 6 à 12 semaines.
- Absorption sublinguale : garder le liquide sous la langue quelques secondes.
- Adaptation personnalisée : un professionnel formé ajuste les associations selon le terrain.
- Précautions : l’oligothérapie ne remplace pas un traitement médical mais le complète harmonieusement.
Peau et vieillissement : le rôle des oligo-éléments
Avec les années, la peau perd progressivement son éclat, son élasticité et sa fermeté. Ce phénomène, lié au vieillissement cutané, résulte d’une double cause : le vieillissement (lié au temps et à la génétique) et le vieillissement, accentué par le stress, la pollution, les UV et les carences nutritionnelles.
À l’échelle cellulaire, la peau vieillit quand ses mécanismes de renouvellement, de réparation et d’anti-oxydation ralentissent. Les oligo-éléments jouent ici un rôle capital — souvent sous-estimé.
Le rôle des oligo-éléments dans la jeunesse cutanée
- Le Zinc
- Cofacteur d’enzymes de réparation tissulaire et de synthèse du collagène.
- Régule la production de sébum et la cicatrisation.
- Son déficit favorise une peau terne, des pores dilatés et une moindre élasticité.
- Le Cuivre
- Stimule l’activité de la lysyl-oxydase, enzyme essentielle à la formation du collagène et de l’élastine.
- Antioxydant puissant, il protège contre la dégradation des fibres de soutien du derme.
- Le Sélénium
- Protège les membranes cellulaires contre l’oxydation (radicaux libres).
- Contribue à la régénération de la vitamine E, autre antioxydant majeur de la peau.
- Le Manganèse
- Active les enzymes de défense contre le stress oxydatif.
- Aide à maintenir l’intégrité du tissu conjonctif.
- Le Silicium
- Améliore la structure du collagène et l’hydratation profonde du derme.
- Freine la perte de densité cutanée liée à l’âge.
- Zinc : régule la cicatrisation et la production de collagène.
- Cuivre : stimule l’élastine et protège les tissus.
- Sélénium : neutralise le stress oxydatif.
- Manganèse : maintient la cohésion du tissu conjonctif.
- Silicium : améliore l’hydratation et la densité du derme.
Association conseillée : Cuivre–Zinc–Sélénium ou Cu–Mn–Se
Ces synergies favorisent la régénération cutanée et la neutralisation du stress oxydatif à l’origine du relâchement et des rides.
Des cures saisonnières (2 à 3 fois par an, de 6 semaines) sont particulièrement recommandées au changement de saison ou en période de fatigue.
Elles peuvent être complétées par une alimentation riche en antioxydants (fruits rouges, agrumes, légumes colorés, noix du Brésil, thé vert) et une bonne hydratation.
Plusieurs travaux en dermatologie nutritionnelle ont montré qu’une supplémentation équilibrée en zinc, cuivre et sélénium réduit la peroxydation lipidique et améliore la densité du derme chez les sujets âgés.
Les oligo-éléments se présentent sous forme d’ampoules buvables, de solutions ionisées ou de complexes prêts à l’emploi.
Astuce d’utilisation : garder la solution 15 à 20 secondes sous la langue avant d’avaler, pour favoriser l’absorption sublinguale et l’efficacité maximale
- Adapter la cure à son terrain
L’efficacité dépend du profil biologique et psychophysiologique.
Par exemple :
- terrain stressé ou anxieux → Mn–Co,
- terrain fatigué ou immunodéprimé → Cu–Au–Ag,
- terrain allergique → Mn ou Mn–Cu,
- terrain cutané ou oxydatif → Zn–Cu–Se.
Un professionnel formé (médecin, pharmacien, naturopathe) pourra affiner la séquence des cures et la durée optimale selon le cas.
- Miser sur la régularité
L’oligothérapie n’agit pas comme un médicament immédiat, mais comme un régulateur de fond.
Les résultats se perçoivent souvent après 3 à 6 semaines de prise régulière, le temps que l’équilibre enzymatique se rétablisse.
- Précautions
- L’oligothérapie ne remplace pas un traitement médical prescrit, mais l’accompagne harmonieusement.
- Les oligo-éléments ne présentent pas de toxicité aux doses physiologiques, mais leur usage prolongé sans suivi n’est pas conseillé.
- En cas de maladie chronique, de grossesse ou de traitement médicamenteux, un avis médical est recommandé.
En résumé
L’oligothérapie propose une approche douce et personnalisée du bien-être.
En restaurant l’équilibre enzymatique et en soutenant le terrain, elle agit en amont des déséquilibres et accompagne harmonieusement les thérapies classiques.
Qu’il s’agisse de soulager des douleurs articulaires, retrouver un sommeil réparateur, renforcer l’immunité ou préserver la jeunesse de la peau, les oligo-éléments offrent une réponse naturelle, fine et efficace.
Une véritable médecine de la précision, respectueuse du vivant, qui redonne au corps sa capacité d’autorégulation.
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Bibliographie indicative
- Le grand guide de l’oligothérapie – Isabelle Eustache & Amine Achite, Éd. Médicis, 2021
- Ménétrier J. — L’Oligothérapie : une médecine de terrain, Maloine, 1970
- Neveu P. — Les oligo-éléments en biologie et en médecine, Doin, 1990
- Baumann L. — Nutrition and the Skin, Dermato-Endocrinology, 2012
- Skalny A.V. et al. — Trace Elements as Biomarkers in Health and Disease, Nutrients, 2021